Une école, des chantiers
Depuis mars 2020, dans la foulée du confinement et des mesures sanitaires, l’Erg a fait le choix de basculer vers une infrastructure qui lui permet de retrouver la maîtrise de ses outils numériques. Dans la majorité des cas, les directions d’établissement se sont tournées vers les solutions des GAFAM Gafam Acronyme reprenant les initiales des multinationales géantes du web (Google (Alphabet), Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft). Le terme évoque par extension les problèmes politiques que posent ces compagnies : monopoles économiques, grandes fortunes des dirigeant e s et précarité des conditions de travail des employé e s les moins qualifié e s, omniprésence de leurs outils, rétention et exploitation des données personnelles, surveillance, capacité d’influence des décisions politiques et domination complète de la société numérique des câbles physiques aux contenus, des programmes aux appareils.. Sans délibération ni consultation, il est probable que le recours à ces solutions témoigne de l’absence de prise en charge, sur le plan institutionnel et pédagogique, de la question des outils. Une absence renforcée par un enseignement des cultures numériques encore trop discret voire inexistant.
Comme l’explique Laurence Rassel, le passage aux GAFAM Gafam Acronyme reprenant les initiales des multinationales géantes du web (Google (Alphabet), Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft). Le terme évoque par extension les problèmes politiques que posent ces compagnies : monopoles économiques, grandes fortunes des dirigeant e s et précarité des conditions de travail des employé e s les moins qualifié e s, omniprésence de leurs outils, rétention et exploitation des données personnelles, surveillance, capacité d’influence des décisions politiques et domination complète de la société numérique des câbles physiques aux contenus, des programmes aux appareils. n’est pas particulièrement une impulsion de la Fédération Wallonie-Bruxelles. « Chaque pouvoir organisateur, voire chaque école, négocie de son côté, et les GAFAM Gafam Acronyme reprenant les initiales des multinationales géantes du web (Google (Alphabet), Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft). Le terme évoque par extension les problèmes politiques que posent ces compagnies : monopoles économiques, grandes fortunes des dirigeant e s et précarité des conditions de travail des employé e s les moins qualifié e s, omniprésence de leurs outils, rétention et exploitation des données personnelles, surveillance, capacité d’influence des décisions politiques et domination complète de la société numérique des câbles physiques aux contenus, des programmes aux appareils. proposent des "deals" super intéressants financièrement. » Ainsi, si les GAFAM Gafam Acronyme reprenant les initiales des multinationales géantes du web (Google (Alphabet), Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft). Le terme évoque par extension les problèmes politiques que posent ces compagnies : monopoles économiques, grandes fortunes des dirigeant e s et précarité des conditions de travail des employé e s les moins qualifié e s, omniprésence de leurs outils, rétention et exploitation des données personnelles, surveillance, capacité d’influence des décisions politiques et domination complète de la société numérique des câbles physiques aux contenus, des programmes aux appareils. s’imposent par « facilité » ailleurs, l’Erg « en choisissant les logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. , ne fait rien qui ne soit pas “dans les clous”. La FWB n’impose rien à ce niveau-là. »
Ce basculement vers les logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. a « pris le temps que ça a pris. Il y a eu des moments de panique, des râleries, des documents perdus… Mais nous y sommes allés étape par étape, logiciel par logiciel, usage par usage. » Si le libre était déjà présent dans certains cours et dans certaines pratiques des enseignant es, le confinement a tout accéléré. Tous tes les membres de l’école étaient éparpillé es, isolé es. Après une période de tétanie, des outils sont progressivement déployés pour les étudiant es : il y a eu les mails, le cloud Cloud On parle de « cloud » ou de « nuage » (en français), pour désigner une infrastructure logicielle ou de stockage hébergée ailleurs sur l’internet. Loin de l’imaginaire immatériel que le terme – et souvent les visuels utilisés – illustrent, ces services nécessitent des machines performantes et polluantes, hébergées dans des datacenters. On entend parfois que le cloud est « l’ordinateur de quelqu’un d’autre », cette expression souligne que les données qui y sont enregistrées se trouvent sur une machine appartenant à une autre personne, association ou entreprise. , des services de visio-conférence (BigBlueButton, Jitsi) et la messagerie Mattermost.
Une fois la crise passée, ces outils ont été maintenus et affinés. Si la crise a accéléré la création d’un environnement numérique libre pour les étudiant
es, le nouveau chantier concerne les services de l’administration et doit composer avec l’écosystème déjà en place.Des heures d’enseignement sont prises pour embaucher une personne chargée d’accompagner au quotidien la transition des outils numériques vers des solutions libres. « Je ne pense pas que nous y arriverions sans ces personnes qui prennent le temps de venir expliquer, réparer… [...] ce n’est pas que les logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. ne fonctionnent pas, mais s’y adapter et y adapter les fonctionnements n’est pas simple. Or nous avons fait le choix des logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. y compris au niveau structurel, administratif. » Le passage à certains logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. a aussi été conditionné par l’énergie qu’un tel chantier demande au personnel enseignant et aux équipes administratives – qui acceptent de jouer le jeu en changeant leurs habitudes et en faisant preuve de patience.
C’est donc l’énergie de personnes dans l’école qui a été absolument centrale. Et cette mise en place d’outils avec l’aide de l’asbl Tactic a permis d’avoir des moments contaminants vis-à-vis d’autres écoles, mais c’était plutôt par « pratiques » et « individu
es ».Du côté de l’Erg, c’est la mise en conformité au RGPD RGPD Le règlement général sur la protection des données est un règlement de l’Union européenne qui constitue le texte de référence en matière de protection des données à caractère personnel. Il renforce et unifie la protection des données pour les individus au sein de l’Union européenne. (Wikipédia) qui « a été une motivation » supplémentaire pour reprendre en main la quasi-entièreté de l’écosystème numérique : « On a utilisé le RGPD RGPD Le règlement général sur la protection des données est un règlement de l’Union européenne qui constitue le texte de référence en matière de protection des données à caractère personnel. Il renforce et unifie la protection des données pour les individus au sein de l’Union européenne. (Wikipédia) , car en tant que direction on doit garantir la protection des données. Est-ce qu’on est capable de le faire dans les conditions proposées par Google Éducation ? Non, il faut qu’on reprenne la main sur les espaces et ça, ça a été une motivation pour pouvoir dire : en fait on va faire ça pour assurer la protection des données. » La mise en conformité passe par l’hébergement des données sur des serveurs de confiance – leur mise en place est facilitée en collaborant avec des acteur ices local es du numérique.
« Ça peut paraître étrange qu’on s’appuie là-dessus, mais au niveau politique c’est cohérent avec la pratique pédagogique, avec les contenus des cours théoriques. […] Même si c’est extrêmement difficile que les personnes fassent le lien entre des pratiques, une réflexion politique, culturelle et les outils qui doivent fonctionner, ce qui est important c’est vraiment l’humain, les relations… des pratiques et des individulogiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. rendent visibles la maintenance nécessaire pour que la société numérique marche là où avec les GAFAM Gafam Acronyme reprenant les initiales des multinationales géantes du web (Google (Alphabet), Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft). Le terme évoque par extension les problèmes politiques que posent ces compagnies : monopoles économiques, grandes fortunes des dirigeant e s et précarité des conditions de travail des employé e s les moins qualifié e s, omniprésence de leurs outils, rétention et exploitation des données personnelles, surveillance, capacité d’influence des décisions politiques et domination complète de la société numérique des câbles physiques aux contenus, des programmes aux appareils. tout a l’air magique parce qu’on ne sait pas qui fait le travail derrière.
es qui font relais. » LesCet engagement de l’école trouve donc sa source dans un terreau favorable (un cadre légal, des équipes volontaires, des personnes-ressources internes et externes) mais le soutien et la conviction du bien-fondé de cette approche par Laurence en tant que directrice est à mettre en relation avec son parcours personnel.
Bruxelles, 2000
Après ses études à La Cambre, Laurence Rassel rejoint en 1998 l’asbl Constant, tout juste fondée par Dirk De Witt. L’association entend alors soutenir et stimuler la production de ce qu’on nomme, à l’aube du deuxième millénaire : les nouveaux médias. À cette période, la démocratisation de l’informatique et d’internet transforme radicalement les modes de production et de circulation des objets culturels : « La technologie permettait cette diffusion et cette réappropriation mais le cadre légal du droit d’auteur ne le permettait pas. Dans ce que les artistes fabriquaient par la technologie, que ce soit au commencement du Super 8, jusqu’à la photographie et à internet, il y avait cette relation de transmission, d’appropriation, de construire sa propre histoire en relation avec ces objets culturels qui préexistaient. »
Rétrospectivement deux séminaires ont « tout changé », celui d’analyse marxiste-féministe du cinéma, qui l’ouvre aux questions des conditions de production : du qui, du comment et du pourquoi ? Et celui autour de Chris Marker où est interrogée la circulation des images, des sons et leur réemploi. « J’ai plongé là-dedans parce que, tout d’un coup, il y avait une histoire de l’art liée aux technologies qui embarquaient des questions post-coloniales, féministes, sociales… enfin tout ce que je n’avais pas trouvé ailleurs ».
Il y a eu d’autres rencontres, comme celles de Jens-Ingo Brodesser (All2All) et Frédéric Jadoul à la fin des années nonante, qui lui font découvrir les logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. à l’occasion de l’installation d’un séminaire autour d’un projet de base de données d’œuvres d’art.
« Ce lien, entre la diffusion des œuvres d’art et le logiciel libre, qui était le pendant, dans le domaine informatique, du copyleft
Copyleft
Copyleft ou « gauche d’auteur », est l’autorisation donnée par l’auteur
e pour un travail soumis au droit d’auteur (œuvre d’art, texte, programme informatique ou autre) d’utiliser, d’étudier, de modifier et de diffuser son œuvre, dans la mesure où cette même autorisation reste préservée. (Wikipédia) ou de la licence Creative Commons
Creative Commons
CC
Creative Commons (CC) est une association à but non lucratif dont la finalité est de proposer une solution alternative légale aux personnes souhaitant libérer leurs œuvres des droits de propriété intellectuelle standard de leur pays, jugés trop restrictifs. L’organisation a créé plusieurs licences, connues sous le nom de licences Creative Commons. Ces licences, selon leur choix, ne protègent aucun ou seulement quelques droits relatifs aux œuvres. Le droit d’auteur (ou « copyright » dans les pays du Commonwealth et aux États-Unis) est plus restrictif. (Wikipédia)
dans le domaine artistique, a déclenché cette réflexion sur les conditions de production, de création et de diffusion. Et nous étions capables d’y réfléchir parce que nous avions accès au code source de ces conditions, c’est-à-dire que nous comprenions à la fois comment le droit fonctionnait, au niveau des licences, et comment les outils fonctionnaient. Cela nous a permis de situer politiquement la question du “Comment ça marche ?” ».
Il y a aussi la lecture de Donna Haraway qui accompagne cette période. « Je suis entrée en contact avec des personnes qui étaient définies comme cyberféministes, c’est-à-dire qui pensaient comment ces outils et ces espaces pouvaient être émancipatoires. » Avec un souci de mettre en mouvement ces théories, Laurence s’attelle avec d’autres à matérialiser de nouveaux espaces, pour ne pas confiner l’émancipation au fait individuel. Elle contribue ainsi à l’organisation des Cyberfeminist Working Days (2000), où il s’agit de créer de la musique, de la vidéo, des images, à base de récupération et de collage. « À partir de récupérations – une exposition de photos, des posters –, nous avons littéralement fait des collages, du montage son à partir de musiques électroniques, du montage vidéo… »
Les rencontres Digitales
En 2001 Constant s’associe pour organiser les rencontres Digitales avec le réseau d’études de genre Sophia et Interface 3, un centre de formation des femmes aux nouvelles technologies. « Il y avait Nadine Plateau qui était responsable de Sofia et Marie-François Stewart qui était responsable d’Interface 3. L’idée était de faire venir des personnes identifiées comme femmes qui travaillent avec les “nouveaux médias” et de leur demander : comment vous travaillez ? On cherchait à créer des liens entre les pratiques féministes, artistiques et professionnelles. »
De 2001 à 2006, lors des rencontres Digitales, des femmes aux pratiques et aux espaces sociaux différents étaient invitées à se rencontrer, à échanger sur leur travail, à créer des communs et se renforcer… « Ce pouvait être des caissières, des travailleuses de Moulinex ou d’Herstal, la fabrique d’armes, comme des personnes qui montaient des serveurs, des chercheuses qui utilisaient leur ordinateur pour faire leur doctorat sur ces questions-là ou des artistes. Certaines n’avaient aucune idée de comment ça fonctionnait, alors on ouvrait ensemble les ordinateurs, on ouvrait ensemble les concepts théoriques, il y avait des ateliers radio… Il y avait l’idée que tout le monde peut devenir créateur-créatrice, diffuseur-diffuseuse. On y a cru, on a cru que les technologies et le logiciel libre allaient être émancipateurs. »
Comme le rappelle Laurence, même si ces rencontres sont un moment de foisonnement, il y a la question du temps : « Qui a le temps de pouvoir faire de l’activisme, de l’art ou du militantisme ? » Aux questions de classes s’ajoutent celles du genre : « À l’époque, Linux
Systèmes d’exploitation
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Un système d’exploitation consiste en un logiciel qui permet à une machine d’exécuter d’autres logiciels. Windows, macOS ou Linux sont des systèmes d’exploitation pour les ordinateurs. iOS et Android sont des systèmes d’exploitation utilisés par les smartphones.
était installé, mais par des gars qui venaient le soir. Or le soir, les femmes qui s’occupaient des enfants ne pouvaient pas être là. Donc on a créé le collectif des Samedies, avec des gardes d’enfants, des moments où les femmes pouvaient se rencontrer pour apprendre ensemble. Et puis on s’est épuisé es. »
Une école à code ouvert
Le travail institutionnel de Laurence s’inscrit dans le temps long et parait s’être construit en écho à l’éthique du libre, c’est-à-dire rendre lisible comment fonctionne un outil, laisser la possibilité aux autres de s’en emparer, de le modifier. Pour Laurence, au-delà de l’analogie entre la pratique de l’institution et la culture libriste Libriste Personne attachée aux valeurs, culture et usages associés aux logiciels libres. Ces personnes peuvent participer à leur promotion, leur fabrication, leur diffusion, à l’assistance des utilisateurices ou simplement les utiliser. , ce qui est avant tout cohérent « ce sont en fait des questions politiques. Pour moi c’est tellement un tout, parfois j’essaie de lutter contre cette analogie avec l’open-source parce que je ne la travaille pas. Il y a x semaines j’aurais dit : mais en fait on ne travaille pas l’open source ! Mais en fait si, tout à coup on est vraiment au travail, c’est du nouveau dans la pratique institutionnelle. »
Si Laurence Rassel était plus proactive, lorsqu’elle dirigeait la fondation Tapiès à Barcelone, « au niveau politique et “méta” sur les questions du partage des données et de la mutualisation des infrastructures », elle se dit aujourd’hui plus préoccupée par les questions de genre, de violence, ou encore par le décret Paysage… « La question des logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. a donc été amenée plutôt par la pratique et par des personnes que par une pensée politique abstraite. » Rendre lisible le fonctionnement de l’institution, faire que son « code » soit apparent, passe par l’enseignement du fonctionnement de l’institution, sa lecture. « Ici, on pense que ça fait partie d’une pratique pédagogique et politique de souhaiter comprendre comment le système dans lequel on travaille, dans lequel on crée, fonctionne et d’essayer que ce temps-là soit collectivement partagé et ne soit pas qu’un privilège de classe. »
Freiner, pied au plancher : « Qui peut se permettre ça ? »
Le temps du travail, la nécessité productive ne laisse que très rarement le temps de questionner comment travailler autrement. « Quand on a commencé à travailler avec du libre chez Constant, il y a des graphistes qui disaient, “tu peux pas ralentir mon rythme de travail. Si ça marche pas tout de suite moi je perds de l’argent, je peux pas payer de loyer.” » Même si ici, il n’est pas question a proprement dit d’argent, la migration vers les nouveaux services à l’école vient par moment entraver le travail. « Ça prend du temps, nous avons d’autres choses à faire, nous n’avons pas toujours ni partout cette capacité de freinage. Mais il y a quelque chose de l’ordre du lien, des relations au sein de l’équipe, avec Tactic, avec la technologie. Et aussi, de répondre à la question : “Pourquoi fait-on cela, pourquoi changer ?” »
Si l’espace de la pédagogie se veut être un espace d’expérimentation, un espace de freinage où l’on fait place à l’essai et donc à l’erreur, l’espace administratif se heurte à l’obligation de, malgré tout, faire tourner la boutique. Laurence se souvient de ce que lui racontaient aux Digitales des travailleuses d’Herstal, la fabrique d’arme : « Elles travaillaient à la chaîne et quand un technicien venait, elles pouvaient lui dire où et quand ça ne marchait pas, elles connaissaient leur machine. »
« On prend sur l’encadrement pédagogique pour avoir quelqu’unlogiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. , et ça augmente encore la charge de travail. »
e qui comprend comment les finances fonctionnent, l’équipe du prêt matériel aussi est aussi pris sur cet encadrement. » En supplément de la gestion quotidienne de l’école, il faut redoubler d’effort parce que chaque chantier prend une énergie énorme. Mais surtout, ces efforts sont voués à l’échec sans le soutien des équipes. « On demande beaucoup plus aux équipes, comme le fait d’avoir cette attention politique et technique. Avoir cette attention, non seulement de faire tout le travail pour que ça fonctionne, mais en plus on ajoute les questions d’écoute, de soin, par rapport à la diversité, par rapport au genre, par rapport aux prénoms d’usage, passer auxUne situation institutionnelle favorable
Si aujourd’hui la migration et l’intégration des logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. est bien accueillie, c’est que le terrain a été travaillé. « Quand j’ai été choisie à la direction, il y avait déjà des personnes dans l’école qui travaillaient autour du libre, puis de nouvelles personnes sont arrivées et d’autres arrivent dans l’école pour “ça”. » En plus du terreau humain façonné année après année, le recrutement de nouvelles personnes vient affirmer la direction prise. « On engage aussi des enseignants, enseignantes qui viennent avec ces pratiques-là. [...] On est en train de se reproduire. »
Le terrain n’a pas toujours été aussi fertile. Par le passé, certaines initiatives se voulant vertueuses n’ont pas pris. « Il y a six-sept ans on a récupéré d’anciens ordis pour mettre Linux
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Un système d’exploitation consiste en un logiciel qui permet à une machine d’exécuter d’autres logiciels. Windows, macOS ou Linux sont des systèmes d’exploitation pour les ordinateurs. iOS et Android sont des systèmes d’exploitation utilisés par les smartphones.
dessus, on a essayé ça, et c’est tombé à l’eau *ploutch*. Nous avons fait le site de l’Erg avec un wiki, tout le monde peut y participer, mais là aussi ça ne marche pas trop. On a souvent eu ça avec ce type de moments : en disant “c’est de la pédagogie, venez”, et personne ne vient. Mais on recommence, tu y retournes, et là moi-même je suis étonnée, comment ça se fait que ça passe ? Et je pense que c’est vraiment grâce aux personnes qui sont là. »
Composer collectivement l’institution
Des moments sont aménagés à l’Erg où les cours sont arrêtés pour penser collectivement, entre étudiant
es, enseignant es et membres de l’administration, la pédagogie et le fonctionnement de l’école. Des groupes de travail sont constitués lors de ces journées, pour discuter et formuler des propositions pour modifier l’organisation pédagogique de l’école. Autant de pistes pour tenter de répondre à cette question : « comment mettre en place un système qui prend soin de lui-même ? ». Seulement, les différents groupes n’évoluent pas sur la même temporalité. Par conséquent, il faut perpétuellement assurer lors de ces journées la transmission des pratiques. Cette « pédagogie de l’institution » passe par l’explication orale des enjeux, du contexte légal, pour que par là les étudiant es comme les enseignant es puissent se dire « Je peux comprendre comment ça marche et être participant e de ça. » Toutes ces pratiques institutionnelles s’efforcent de déléguer le pouvoir en renforçant les « corps intermédiaires » – pour que tout ne repose pas sur le bon vouloir de la direction ni qu’elle puisse tout effacer du jour au lendemain. « On me disait toujours que la gestion c’était 50 % de direction et moi ça me désespérait. »Reproduire l’expérience : partager le code
Si le RGPD
RGPD
Le règlement général sur la protection des données est un règlement de l’Union européenne qui constitue le texte de référence en matière de protection des données à caractère personnel. Il renforce et unifie la protection des données pour les individus au sein de l’Union européenne. (Wikipédia)
a été un des leviers pour amorcer la sortie de l’écosystème de Google Éducation, l’ancrage dans la loi est un outil majeur pour renforcer des pratiques et ainsi les faire perdurer. « Pour moi, ce que j’ai appris des juristes par rapport aux licences libres
Licences libres
Voir Copyleft. Toute œuvre de l’esprit (livre, logiciel, etc.) est protégée en Belgique par le droit d’auteur, dont une partie ne peut jamais lui être retirée, comme son droit moral d’être reconnu comme l’auteurice de son travail. Cependant l’auteurice peut décider de placer son œuvre sous une licence libre, ou Copyleft, c’est-à-dire qu’iel donne l’autorisation gratuite, à toustes et par avance, de disposer de son œuvre pour tous les usages (étude, modification, diffusion et même rémunération). D’autres licences, comme celle que nous utilisons (la _Creative Commons CC BY-NC-SA 4.0_), sont partiellement libres, car l’autorisation accordée ne permet pas de revendre les contenus contre rémunération, mais seulement de les partager. Cette licence oblige aussi à mentionner, en cas de reproduction et diffusion, le nom de l’auteurice. Elle autorise la modification du contenu sous réserve que les modifications soient rendues visibles.
était révélateur : comment est-ce que je peux comprendre comment ça marche, comment fonctionnent les systèmes d’exploitation
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macOS
Un système d’exploitation consiste en un logiciel qui permet à une machine d’exécuter d’autres logiciels. Windows, macOS ou Linux sont des systèmes d’exploitation pour les ordinateurs. iOS et Android sont des systèmes d’exploitation utilisés par les smartphones.
, et comment être participante de ça. »
Comme le rappelle Laurence, « les institutions sont régies par les lois qui sont faites par d’autres humains […] quand elles sont viciées, ça peut être très violent ». C’est la loi qui code et encadre le possible d’une institution. Pour Laurence il est primordial de la connaître pour s’en saisir. « Souvent il n’y a pas de temps, de volonté ou d’énergie pour lire, comprendre la littérature grise de la loi fait que des décisions sont prises sans que tu ne comprennes ni comment, ni pourquoi. »
Au sein de l’école c’est le règlement des études qui fait office de loi. Pour l’année 2023-2024, il récapitule en nonante-huit pages le fonctionnement institutionnel de l’école. Ce texte est régulièrement amendé, y sont consignés de nouveaux outils, de nouvelles procédures. « On a adapté le règlement des études sur les questions des cas où il fallait agir vite face aux agressions sexuelles ou autres. On n’avait rien dans le règlement pour ces questions, alors on y a travaillé avec la conseillère juridique » Une fois ces pratiques formalisées, elles constituent des outils qui peuvent être partagés avec d’autres institutions. « Des écoles nous ont demandé ces extraits-là, et donc on les donne. Certaines obligations font deux lignes dans le décret, comme pour les conseils d’options.. Nous, on en a fait un mode d’emploi – je l’avais donné à des collègues, qui se demandaient : Qu’est-ce que vous faites ? On a donné le mode d’emploi. » Plutôt que de laisser ces pratiques à la discrétion de la direction en exercice, elles sont ancrées par la loi – elles pourront bien sûr être modifiées, mais elles devront repasser par différents espaces de concertation.
Documenter
De nombreuses initiatives étudiantes naissent au sein de l’école – mais leur existence tout comme leur fonctionnement n’est que rarement documenté – le risque est qu’elles s’évanouissent quand les personnes qui la portent s’en vont, ou s’épuisent. Rédiger ces « modes d’emploi » parait essentiel pour que survivent ces initiatives, que les outils forgés par la pratique puissent être transmis – pour que les suivant
es n’aient pas a ré-inventer la roue. La nécessité de la documentation se heurte souvent au manque de temps pour sa production - comme l’avoue Laurence : « Le problème c’est que le temps de documentation, c’est celui qu’on fait passer à la trappe. C’est pour ça que le gros de ce qu’on fait, c’est parler, expliquer raconter… ». Documenter c’est garder la trace des pratiques, des changements, c’est constituer une histoire de l’institution. « Il arrive qu’on vienne me dire : “Mais ça a toujours été comme ça” ou encore “Les étudiants et étudiantes ont toujours participé à ça, on a toujours utilisé ça, on a toujours fait ça”, etc. Alors que ce “toujours” date de trois-quatre ans en fait ».