Nous sommes très préoccupé..es par l’influence croissante des géants de la technologie sur notre éducation.
Nous constatons que l’infrastructure numérique de l’enseignement francophone en Fédération Wallonie-Bruxelles passe progressivement presque entièrement entre les mains de géants étrangers de la technologie tels que Google et Microsoft, du service de courrier électronique au traitement et au stockage des projets éducatifs, du bloc-notes en ligne à l’outil vidéo. Les outils offerts par les géants du web ont permis de réaliser rapidement l’enseignement à domicile pendant la pandémie de la Covid-19. Cependant, ces fournisseurs ne respectent pas les directives en matière de confidentialité (RGPD
RGPD
Le règlement général sur la protection des données est un règlement de l’Union européenne qui constitue le texte de référence en matière de protection des données à caractère personnel. Il renforce et unifie la protection des données pour les individus au sein de l’Union européenne. (Wikipédia)
) et ne révèlent pas ce qu’il advient des données… Nos enfants commencent à perdre le contrôle de leurs propres données dès l’école primaire, voire déjà en maternelle, car les écoles ne peuvent pas garantir la sécurité numérique. De plus, on ne leur offre qu’une connaissance limitée et unilatérale des produits, au lieu de leur enseigner des compétences numériques et un esprit critique.
Aussi nous plaidons pour un système d’apprentissage numérique alternatif, dans lequel les droits fondamentaux tels que la vie privée et la souveraineté de nos enfants sont garantis. Il est nécessaire et il est possible de faire autrement !
Ce manifeste est une initiative privée d’un groupe de parents, enseignant..es, citoyen..nes et défenseur..ses de la vie privée concerné es par les TIC (technologies de l’information et la communication). La présente version française est, à la base, une traduction et une adaptation du texte « Free children from the digital stranglehold ! » publié en 2021 aux Pays-Bas.
Dans l’éducation, la vie privée des enfants/élèves/étudiant
es doit être protégée.La vie privée est un droit fondamental. Cela signifie que chacun..e a le contrôle de ses propres données personnelles. La protection de la vie privée est particulièrement importante dans l’éducation. Les autorités néerlandaises chargées des données personnelles l’expliquent comme suit : « Les établissements d’enseignement remplissent une tâche sociale et ont le devoir de veiller à la qualité de l’enseignement. Cela exige que les écoles traitent les données personnelles des élèves, des étudiant..es et des parents qui leur sont confiées de manière correcte et prudente. En outre, la position vulnérable des enfants exige une protection supplémentaire, afin qu’i..els puissent se développer dans un environnement (scolaire) libre et sûr. La protection des données personnelles dans le secteur de l’éducation est donc essentielle. »
La sécurité et la souveraineté numériques dans l’éducation font l’objet d’une pression croissante, notamment en raison de l’impact de la pandémie.
Comme tout le reste de la société, l’éducation se numérise rapidement. Cette évolution a été exacerbée par la pandémie de corona. L’introduction nécessaire de l’enseignement à domicile a obligé les écoles à disposer rapidement (et à moindre coût) de systèmes logiciels et d’applications. Ainsi, les services apparemment gratuits de Google et de Microsoft ont fourni un moyen pratique d’y parvenir. Toutefois, à l’époque, les écoles n’avaient pas la possibilité d’évaluer les aspects de la vie privée de ces services. Aujourd’hui encore, en raison du manque de transparence, il n’est pas facile d’évaluer comment les produits utilisés sont structurés, quelles parties ont accès aux données et quels algorithmes sont utilisés.
Nous constatons que les établissements d’enseignement ont du mal à assurer la protection de la vie privée des étudiant
es, des parents, des enseignant es et des employé es.Les établissements d’enseignement sont censés disposer de politiques de protection de la vie privée en bonne et due forme et veiller à leur mise en œuvre, mais les connaissances en matière de protection de la vie privée numérique et la conscience des risques sont encore souvent insuffisantes. L’évaluation des risques pour la vie privée d’un nouveau logiciel ou d’une nouvelle application, par exemple, est alors une tâche impossible. Cela est également dû au fait que le gouvernement a laissé le soutien numérique dans l’éducation au marché privé, bien qu’il s’agisse d’une tâche publique. Il y a un manque de direction – ou de « responsabilité du système » comme l’appelle l’Autorité des données personnelles des Pays-Bas – et de soutien supplémentaire pour permettre au secteur de l’éducation d’assumer sa responsabilité.
Il n’est pas souhaitable que l’infrastructure numérique de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles soit entièrement (ou même partiellement) entre les mains de géants technologiques (étrangers).
L’environnement d’apprentissage numérique dans l’éducation est devenu de plus en plus dépendant des services des Big Tech. Celles-ci disposent donc d’un grand nombre de données sur le comportement et le développement des élèves et le sort de ces données n’est pas clair. Le risque d’abus dans l’utilisation de ces données, par exemple par le biais du profilage et du ciblage, ne peut être évalué – et encore moins évité. L’Autorité des données personnelles des Pays-Bas observe : « Le pouvoir de ces grands fournisseurs, leur manque de transparence et le manque de connaissances, en particulier des petits établissements d’enseignement, font qu’il est difficile de déterminer les garanties appropriées en matière de protection des données et, si nécessaire, de les faire respecter par le fournisseur. » Tout aussi important est le fait qu’au lieu d’acquérir de véritables compétences numériques, les enfants apprennent seulement à utiliser des produits spécifiques. Par exemple, on enseigne aux enfants un programme de traitement de texte spécifique, et non les principes et les méthodes du traitement de texte. Par conséquent, l’esprit critique se perd et les enfants sont transformé..es en consommateur..ices, ce qui renforce encore le pouvoir des géants de la technologie.
Nous voyons l’UE prendre des mesures pour limiter le pouvoir des géants de la technologie. Mais la route est longue et nous ne voulons pas l’attendre.
En attendant, nous travaillons dur pour trouver des moyens (légaux) afin de limiter le pouvoir des grandes entreprises technologiques. Les gouvernements, tant en Europe qu’en Amérique, s’inquiètent non seulement du monopole du marché et de la façon dont ces entreprises en abusent, mais aussi du risque de perturbation sociale : influence sur l’économie et la démocratie. Ces types de mesures juridiques sont nécessaires, mais elles impliquent des processus étendus et longs sur lesquels nous avons peu d’influence. Cependant, nous voyons des possibilités de remédier à la situation dans l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles et de ne pas succomber au lobbying intense exercé par les Big Tech.
Nous pensons qu’il est nécessaire de restaurer la souveraineté numérique dans l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous préconisons donc le développement d’une alternative (à l’échelle de l’éducation).
Des initiatives ont déjà été prises par différents acteur..ices du secteur de l’éducation pour le développement d’un système d’apprentissage propre, y compris le stockage des données sous sa propre gestion. En utilisant des logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. et en appliquant le principe de « privacy by design », la protection des données personnelles est prise en compte à un stade précoce. Les enfants commencent à découvrir qu’il existe aussi des options numériques sûres qui ne sont pas contrôlées par les Big Tech. Les écoles allemandes ont fait de bonnes expériences avec des systèmes alternatifs, et des pas considérables dans cette direction ont également été faits dans quelques écoles d’Amsterdam. Le ministère français de l’Éducation Nationale vient également de reconfirmer l’obligation de se passer des offres de Google et Microsoft dans les écoles et offre un large panel d’outils numériques reposant sur des alternatives plus éthiques. Citons aussi par exemple le lycée Carnot de Bruay – Labuissière (France) où quelques enseignant..es expérimentent depuis plusieurs années l’intégration des logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. dans leur école. Plusieurs régions d’Espagne travaillent également en ce sens. Et en Fédération Wallonie-Bruxelles, citons l’exemple de l’Athénée Royal de Gembloux qui a fait le choix de mettre en place tout un écosystème numérique construit avec des logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. . Il est maintenant important d’unir nos forces et de travailler sur notre propre système d’apprentissage numérique, afin de récupérer la souveraineté dans l’éducation. Le soutien et la facilitation du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont absolument nécessaires pour cela.
Les grands principes de ce système d’apprentissage numérique alternatif sont les suivants : logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. , respect de la vie privée dès la conception, traitement (local) des données en Belgique ou dans l’UE.
L’utilisation de logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. permet aux utilisateur..ices de vérifier la technologie. Elle donne à chacun e le droit d’utiliser, de comprendre, de modifier et de partager les logiciels. Cela contraste avec les logiciels fermés et privateurs des géants de la technologie, dont le code source n’est pas public et qui ne permettent donc pas d’évaluer les risques et les caractéristiques portant atteinte à la vie privée. Les logiciels à code source ouvert donnent un aperçu du fonctionnement des applications et permettent aux élèves d’apprendre à gérer les risques liés à la vie privée. La promotion de la « culture numérique » et de la « culture médiatique » fait ainsi partie de l’enseignement. Ensuite, les élèves sont également en mesure de faire le choix d’une utilisation de ces logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres laissent la liberté aux utilisateurices d’utiliser le programme, mais aussi de le copier et le distribuer. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement, de l’adapter à leurs besoins et de partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles strictement prévues par les concepteurices. On les différencie aussi des logiciels open source dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. , que ce soit en dehors du contexte scolaire ou dans leur carrière ultérieure. La seule façon de garantir véritablement les valeurs essentielles telles que la vie privée est de les inclure dans la conception dès le début. Les logiciels développés selon le principe du respect de la vie privée dès la conception contrastent fortement avec les logiciels des géants de la technologie, qui visent précisément le profilage et le ciblage des individu..es. Le traitement des données doit être tel que le risque d’abus soit aussi faible que possible. Un traitement décentralisé et local des données est préférable, au moins en Belgique ou dans l’UE (Union Européenne). En outre, il convient d’éviter le traitement des données par des entreprises qui – également en Belgique – sont liées par une législation étrangère moins stricte et qui, de ce fait, mettent en danger la vie privée.