Numéro 2

NFT, WTF ?

Le marché de l’art est un espace de spéculation financier comme peut l’être l’or ou l’immobilier. L’investissement dans l’achat d’une œuvre artistique est un pari sur le prix qu’on espère voir l’œuvre acquérir dans le futur. Lorsque l’on achète une œuvre d’art, on espère qu’elle s’appréciera à plus ou moins long terme et qu’elle permettra de réaliser un profit en étant revendue plus cher que lorsqu’elle a été achetée.

Comme tout investissement financier, le marché de l’art est sujet à des fluctuations, une certaine volatilité. C’est-à-dire que le prix d’une œuvre peut varier à la hausse mais aussi à la baisse selon différents critères, dont la notoriété de l’artiste, la rareté de l’œuvre, etc. Dans ce marché, la certification d’authenticité d’une œuvre permet d’en assurer la reconnaissance et donc la valeur.

C’est sur cette question de l’authenticité que vont jouer les « NFT », les « jetons non-fongibles » (de l’anglais non-fungible token), codés sur une blockchain blockchain La blockchain – « chaîne de blocs » en français – qualifie un système par lequel des informations sont stockées et transmises de manière décentralisée, sans autorité centrale. Ce système étant d’abord popularisé dans le contexte des cryptomonnaies, les informations enregistrées et agrégées sous la forme de blocs par des procédés cryptographiques sont souvent qualifiées de « transactions ». ≈. En effet, les NFT sont avant tout des certificats de propriété permettant de rendre unique des œuvres qui ne le sont pas par essence, par exemple des fichiers de musique ou des œuvres réalisées par ordinateur. Car le numérique posait un problème au marché de l’art. Par essence, il ne peut pas vraiment exister d’original : les fichiers sont reproductibles à l’infini sans dégradation, copiables, transmissibles. Les NFT apportent une solution à ce problème en proposant d’associer à un fichier numérique une preuve de propriété unique et traçable.

Mais les NFT peuvent aussi être associés à des objets physiques et en prouver la propriété même si ceux-ci sont détruits ou disparaissent. Une possibilité qui laisse pas mal de place aux transactions opaques ou frauduleuses comme la hype sur le dessin Fantasmones Siniestros de Frida Kahlo. Martin Mobarak d’AGCoin, une cryptomonnaie, aurait ainsi brûlé le dessin pour le remplacer par son NFT. L’histoire est un peu obscure, les autorités mexicaines s’en sont mêlées, les experts se battent, encore une fois, sur la question de l’authenticité, ici non pas du jeton non fongible mais de l’œuvre de référence. Une belle arnaque cryptée de bout en bout !

Par ailleurs, dans l’univers de la Gamefi (la financiarisation du jeu vidéo) les arnaques se multiplient tellement que l’éditeur de Minecraft≈, Mojang a décidé fin 2022 de les exclure totalement de son univers. Il a été suivi en cela par différents éditeurs ou plateformes qui ont préféré interdire ou limiter l’usage des NFT sur leurs plateformes pour éviter la gabegie.

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