De l’open-source
Open source
Open-source
On parle d’open-source pour caractériser des logiciels dont le code est ouvert, pouvant être lu, modifié
et amélioré par toustes. En cela,
les logiciels open-source s’approchent des logiciels libres. Toutefois, la communauté open-source voit l’ouverture du code sous l’angle pratique : elle facilite et rend plus efficace leur développement. Cela est donc très différent de la philosophie sous-jacente au logiciel libre, visant
à garantir les libertés fondamentales
des utilisateurices.
La plateforme Pix s’inscrit dans l’axe des ressources numériques au service des apprentissages et, depuis octobre 2023, dans l’axe de formation des enseignantes afin d’approfondir leurs compétences numériques. En 2020, l’outil a été adapté au contexte belge. Lors de notre entretien (voir notre article Pix : une plateforme unique pour évaluer ses compétences numériques en FWB), Oliver Schneider nous expliquait également le souhait d’intégrer des questions sur les logiciels libres Logiciels libres Les logiciels libres sont des logiciels dont les utilisateurices ont la liberté d’utiliser le programme, de le donner à d’autres et de le copier. Les utilisateurices ont aussi le droit et la liberté d’en étudier le fonctionnement et de l’adapter à leurs besoins et partager leurs modifications. On les appelle ainsi en opposition aux logiciels dits propriétaires, qui ne peuvent être partagés, modifiés ou utilisés à d’autres fins que celles prévues. On les différencie aussi des logiciels open source, dont le code est lui aussi accessible, mais moins pour assurer des libertés fondamentales aux utilisateurices que pour en faciliter le développement. . Saluons l’initiative d’un service public de développer une plateforme numérique au bénéfice des citoyennes et d’en ouvrir les sources.
D’autres plateformes [1] sont proposées par l’administration : e-classe donne accès à des ressources éducatives, Happi est une plateforme d’apprentissage en ligne basée sur Moodle destinée aux établissements scolaires de la FWB. Hébergées par l’Etnic (l’entreprise publique chargée des services informatiques de la FWB) ces plateformes offrent des solutions pour que les supports de cours et les données personnelles des utilisateurices, enseignantes et élèves-étudiantes soient traitées en respectant le RGPD RGPD Le règlement général sur la protection des données est un règlement de l’Union européenne qui constitue le texte de référence en matière de protection des données à caractère personnel. Il renforce et unifie la protection des données pour les individus au sein de l’Union européenne. (Wikipédia) .
Google pour le logiciel et le matériel
En ce qui concerne l’axe d’équipement des écoles, les initiatives ne vont pas dans le même sens. La liberté éducative est un beau principe dans lequel l’asbl EducIT s’est engouffrée pour proposer d’équiper chaque élève avec un Chromebook [2]. Tout l’environnement des données est ainsi capté par Google. (voir le témoignage Rentrée numérique à marche forcée)
EducIT a réussi un lobbying efficace auprès des réseaux d’enseignement francophones. Son projet est soutenu par la Fondation pour l’enseignement [3] dont la vision du rôle de l’enseignement est utilitariste et résolument libérale. Et puisque le monde de l’entreprise est inféodé à l’industrie des géants du numérique, autant commencer dès le plus jeune âge.
La Fondation Roi Baudouin finance et soutient également le projet « Rentrée numérique » d’EducIT, dont les porteurses sont présentées comme des « entrepreneur..ses idéalistes qui ont voulu faire entrer le numérique parmi les outils pédagogiques. » Pourtant, les parents paient 2/3 du prix du Chromebook, la FWB subventionne le reste. D’après un rapport de la Fondation Roi Baudouin d’avril 2023, le projet s’inscrit déjà dans 101 établissements pour plus de 25 000 élèves et 7 000 enseignantes formées.
S’équiper pour plus d’efficacité ?
Mais suffit-il de fournir un ordi-tablette à chaque élève pour que le numérique profite à l’éducation ?
Une étude du projet réalisée par l’Université de Liège (CRIFA) [4] montre que l’accompagnement des enseignantes est insuffisant et trop globalisé. Or, il faut du temps pour accompagner et créer des ressources numériques. C’est un changement de culture pédagogique et quand on connaît la pénurie d’enseignantes, il est à parier que prendre ce temps ne sera pas leur priorité.
Un autre point soulevé par l’étude concerne la connectivité qui est mal évaluée par les écoles alors que ce dispositif repose entièrement sur l’accès des appareils à Internet et au cloud Cloud On parle de « cloud » ou de « nuage » (en français), pour désigner une infrastructure logicielle ou de stockage hébergée ailleurs sur l’internet. Loin de l’imaginaire immatériel que le terme – et souvent les visuels utilisés – illustrent, ces services nécessitent des machines performantes et polluantes, hébergées dans des datacenters. On entend parfois que le cloud est « l’ordinateur de quelqu’un d’autre », cette expression souligne que les données qui y sont enregistrées se trouvent sur une machine appartenant à une autre personne, association ou entreprise. de Google posant évidemment des questions de données personnelles : traçage des usages et localisation des enfants, entre autres…
L’efficacité n’est pas au rendez-vous : des écoles attestent que l’accès wifi n’est pas à la hauteur et que les outils sont vite détournés pour d’autres usages que l’enseignement (jeux en ligne, visionnage de vidéos et autres plaisirs virtuels que nos jeunes ont bien vite maîtrisés) qui encombrent la bande passante et empêchent les usages pédagogiques.
Si l’étude montre que le matériel informatique individuel est préconisé, on peut se demander, dans la mesure où les sondées participent à ce projet, s’il est aisé pour elle..ux de comparer avec un autre dispositif comme du matériel partagé, qu’i..els n’ont probablement pas testé.
La Stratégie numérique pour l’éducation n’impose pas de modèle de déploiement des équipements. En attendant, les grands fournisseurs, HP et Google en l’occurrence, poussent leurs marques et imposent dans l’imaginaire en construction de nos enfants leurs solutions d’économie de plateformes, payées par les parents !
Libérez l’enseignement
Les plateformes Pix et Happi démontrent que les services publics peuvent être à l’initiative d’une accessibilité plus grande et plus inclusive des outils numériques.
Reste que pour décoloniser les esprits du capitalisme de surveillance (L’âge du capitalisme de surveillance, Shoshana Zuboff, Zulma éd., 2020), il est urgent que le monde de l’enseignement entende l’appel des acteur..ices associatif..ves pour des logiciels et des équipements libres et durables.
